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CINQ FOIS DEUX MOTS, 4. La rime et la raison

1 octobre 2023

La suite de ce poème de Stéphane Mallarmé intitulé modestement Petit air II est ce deuxième quatrain :

« Voix étrangère au bosquet ...

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CINQ FOIS DEUX MOTS, 3. Dieu et la planète

24 septembre 2023

Le 6 juin dernier, avait lieu à Leipzig un grand concert en plein air pour fêter les 300 ans de l'entrée en fonction de Jean-Sébastien Bach (1685-1750) comme cantor dans cette ville, et c'est une image de ce concert (en streaming sur le site de la chaîne Arte, mon frère m'en a envoyé un fichier) qui introduit le blog de ce dimanche. La violoncelliste Sophie Kauer, ici, exécute un mouvement d'une des suites pour violoncelle de Bach, et quiconque connaît un peu le violoncelle sait que c'est un instrument sur lequel on ne peut tricher pour le son, pour le phrasé, pour la justesse. Les notes ne sont pas faites d'avance comme pour le piano, il n'y a pas de « truc », d'effet de pédale ou d'attaque pour sauver les problèmes. Tout est à découvert, à nu. Le recueillement de l'interprète, sa concentration, ne sont pas des postures.

C'est en 2015 qu'Anne-Marie et moi, revenant de notre année passée au Wiko de Berlin, avons passé 24 h dans cette ville de Leipzig. Devant la tombe de Bach, qui est à l'intérieur de l'église Saint Thomas (mais on n'est pas sûr que les restes humains qui sont là lui appartiennent), j’ai eu envie de prier et de m'incliner, car sans idolâtrie, Bach c'est pour moi une part de Dieu lui-même, disons que c'est un dieu avec un petit « d », ce qui est déjà beaucoup. ...

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CINQ FOIS DEUX MOTS, 2. La tresse et le liseron

17 septembre 2023

Cette image extraite du film de Robert Bresson, Un condamné à mort s'est échappé, 1956, m'aurait certainement moins marqué sans la narration en voix-off qui la soutient, prononcée par le héros avec une intonation égale et blanche, « à la Bresson », et que je reproduis en bas à gauche. Pourtant, je n'ai pas eu de sœur ni non plus, autant que je m'en souvienne, vu une mère faire des tresses avec les cheveux de ses filles (ici, il s'agit de bandes de tissus fabriqués à partir de vêtements lacérés, combinés avec des fils de métal empruntés à un sommier pour en faire une corde solide, capable de supporter le poids d'un homme).

J'avais vu ce film avec mon frère au Cinéma des Trois-Rois de Nogent-sur-Oise, à peu près à l'âge de dix ans, et il m'avait beaucoup impressionné. C'est l'histoire, inspirée de faits réels (le récit  du commandant Devigny), d'un résistant français qui en 1943, parvint à s'évader du fort Montluc à Lyon, où il était incarcéré dans l'attente de son exécution par les Allemands. Le héros est rebaptisé « Fontaine », mais se montre aussi froid et méticuleux que son modèle historique pour préparer son évasion. Le film commence par une première tentative ratée, quand on l'emmène en voiture vers sa prison, et se termine avec une autre réussie, en compagnie d'un jeune codétenu de droit commun qu'on a mis dans sa cellule, et à cette occasion la corde fabriquée en tresse va prouver sa solidité. Le jeune détenu salue cette évasion d'un « Si ma mère nous voyait ! », brève phrase, la dernière du film, qui a une forte résonance dans un univers où on ne voit aucune femme - en fait une seule, mais de loin et fugitivement. De là, la force des quelques allusions à cet autre monde qu'on entend dans les dialogues : elles créent, par la parole, une ouverture vers la vie et la paix. ...

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